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Togo : les premières sénatoriales lancent le nouveau régime parlementaire

Ville de Lomé

AFP - 14/2/2025

Le Togo, petit pays d’Afrique de l’ouest aux neuf millions d’habitants, organisera samedi les premières élections sénatoriales de son histoire, marquant l’avènement de la nouvelle Constitution adoptée l’an dernier et toujours vivement critiquée par l’opposition. Le Sénat sera composé de 61 membres au total. 41 des sénateurs seront élus au sufrage indirect par les conseillers régionaux et les conseillers municipaux et 20 autres seront désignés par le président du Conseil des ministres. La nouvelle Constitution, adoptée par les députés en avril dernier, abolit l’élection du chef de l’Etat au sufrage universel et institue un régime parlementaire. Ainsi, la fonction de président de la République sera désormais purement honorifique et l’exercice efectif du pouvoir sera assuré par un président du Conseil qui doit être le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Il s’agit en l’occurrence de l’actuel Président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père resté près de 38 ans à la tête du pays. Son parti, l’Union pour la République (Unir), a largement remporté les élections législatives d’avril avec 108 sièges sur 113. L’opposition avait dénoncé un "hold-up électoral", des "fraudes massives" et appelé à la "mobilisation" des Togolais, mais les tentatives de manifestation contre la nouvelle Constitution sont restées lettre morte, les autorités ayant empêché les leaders de l’opposition de se réunir. Cette nouvelle Constitution est critiquée par l’opposition et la société civile qui y voient un moyen pour Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir tandis que l’ancienne Constitution ne lui permettait que de briguer un dernier mandat en 2025. Le camp présidentiel afirme de son côté que ce changement constitutionnel assure plus de représentativité. "Le Sénat va contribuer à décentraliser le pouvoir public, en renforçant la participation des citoyens des collectivités à l’exercice du pouvoir politique", explique Mazamesso Wella, chercheur en droit public à l’Université de Lomé, dans un entretien à la chaîne de télévision nationale difusé chaque jour depuis une semaine après les journaux télévisés de 13 heures et 20 heures. - "Parodie d’élections" - 89 candidats sont en lice pour les 41 sièges de sénateurs lors du scrutin de samedi boycotté par certains grands partis de l’opposition dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile). L’ANC a réitéré mercredi "sa décision de non-participation" et "son ferme rejet de ce processus antidémocratique qui vise à installer une république illégale et illégitime", dans un courrier adressé à la Commission électorale. Lundi, le FDR avait dénoncé "une parodie d’élections sénatoriales" dans un communiqué, estimant que le Sénat sera "une institution budgétivore (...) pendant que nos communes et régions manquent cruellement de moyens financiers pour faire face aux besoins vitaux des populations". "Les élections sénatoriales sont pipées d’avance parce que le régime (...) a réussi, grâce à des fraudes électorales massives lors des élections communales de 2019 et régionales de 2024, à s’attribuer la quasi-totalité des conseillers municipaux et régionaux qui constituent le corps électoral", a déclaré le FDR. Le parti Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), chef de file de l’opposition, prendra part au scrutin, comme d’autres petits partis d’opposition. Les envoyés spéciaux des médias étrangers n’ont pas obtenu d’accréditations pour couvrir ces élections, comme ce fut le cas lors des scrutins législatifs et régionaux d’avril dernier. Une fois le Sénat installé, Faure Gnassingbé pourra être oficiellement désigné président du Conseil et les députés et sénateurs éliront un président de la République sans réelle prérogative. ek-fvl/djb

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